IA et star-system
Publié le 14 novembre 2024
écrit par
Nicolas Gaudemet et illustré par Studio Plastac
Des acteurs bientôt éternels ? Le film « Here » sorti la semaine dernière se déroule en un lieu unique (« here »), tandis que l'intrigue défile dans le temps. On peut y voir Tom Hanks et Robin Wright à tous les âges de la vie. Comment ? Grâce à l'IA.
L’utilisation de l’IA dans le film « Here » soulève autant d’attentes que d’interrogations. Prenez des acteurs rajeunis par l’IA de Metaphysic, dont le slogan n’est pas juste marketing : « We create impossible » [nous réalisons l’impossible]. Ajoutez la Creative American Agency, qui négocie des droits IA pour ses talents, tandis que des accords entre producteurs et syndicats d’acteurs prévoient de les rémunérer pour l’utilisation de leur double IA, voire de mélanger l’IA de plusieurs acteurs réels. Mélangez le tout. Résultat : vous obtenez un Tom Hanks qui déclare qu’il aimerait tourner des films après sa mort.
Dès lors, quel impact sur le star-system ? Tournera-t-on encore des films avec Julia Roberts, Tom Cruise ou Tom Hanks dans 200 ans ? À quel avenir sont promis les nouveaux talents ? L’industrie va-t-elle complètement changer ? « Comment l’humanité [va-t-elle] gérer la peur de l’âge et de l’oubli ? » (pour reprendre la question de Nicolas Gaudemet dans sa chronique Zone d'ombre « Dreamin’ with the Stars », issue du premier numéro de FLAASH).
Mais au delà des interrogations liées aux acteurs de cette évolution (ceux oeuvrant pour le progrès technologique et ceux tournant dans des films), en a-t-on envie en tant que spectateur ? Souhaitons-nous avoir des acteurs décédés dans des films grâce à l’IA ? Cette question, nous vous l’avons posée sur les réseaux sociaux la semaine dernière. Résultat sans appel :
— 59 % sont contre et estiment que c’est toujours plus what the fuck ;
— 37 % se disent favorables dans certaines conditions ;
— 4 % sont pour, car on n’arrête pas le progrès.
Et pourtant, si « Here » a fait grand bruit à ce sujet, l'idée n'est pourtant pas nouvelle, bien au contraire. Gladiator I (oui oui, le mythique d'il y a 20 ans) avait déjà usé de la technique pour finir le film avec un personnage dont l'acteur était malheureusement décédé pendant la phase de tournage. Prouesse ou début de l'engrenage ?
Quoi qu'il en soit, la marche semble donc encore longue avant que les spectateurs n’y trouvent leur compte. À moins que le 7e art n’impose ses règles (ou se les fasse imposer). Quand on voit les gains financiers potentiels que cela pourrait représenter (cachets des acteurs), nul doute que les étoiles d’Hollywood Boulevard ne seraient potentiellement plus les seules éternelles…