FLAASH CULTURE
Après la récompense, la polémique. Alors que le prix Goncourt 2024 vient d’être attribué à Kamel Daoud pour son roman Houris aux éditions Gallimard, deux plaintes ont été déposées en Algérie en août dernier (mais n’ont été rendues publiques que mi-novembre). Elles portent sur la violation du secret médical et la « diffamation des victimes du terrorisme et la violation de la loi sur la réconciliation national ».
L’auteur est accusé d’avoir utilisé le témoignage d’une rescapée de la guerre civile en Algérie dans les années 1990, pour écrire Houris. Témoignage qu’il aurait eu grâce à une violation du secret médical de sa femme, psychiatre. La plaignante affirme en effet que son histoire personnelle est celle décrite dans le livre et que les détails qui y figurent sont issus d’une thérapie effectuée en 2015 auprès de l’épouse de l’auteur franco-algérien.
La maison d’édition a tout de suite réagi, affirmant qu’il s’agissait là de « violentes campagnes diffamatoires orchestrées (contre l’écrivain) par certains médias proches d’un régime dont nul n’ignore la nature », et précisant que « Si Houris est inspiré de faits tragiques survenus en Algérie durant la guerre civile des années 1990, son intrigue, ses personnages et son héroïne sont purement fictionnels ».
Le roman Houris est proscrit en Algérie et l’affaire suit son cours. En attendant, le débat est relancé : quelle part de « réel » accepte-t-on dès lors que l’on attribue le terme de « fiction » à un ouvrage ou à des personnages ?
En attendant, plongez-vous dans la suite des recommandations personnelles sur les prix Goncourt qui ont marqué la rédaction de FLAASH.
Après la sélection de la précédente newsletter, place à trois nouveaux romans, à lire ou à relire.
L’un fête aujourd’hui les 20 ans de son attribution et occupe une place toute particulière dans notre liste, puisqu’il s’agit du roman Le Soleil des Scorta (2004) de Laurent Gaudé, l’invité culturel du prochain numéro de FLAASH sur les pénuries. Une sélection mais aussi une information sur le deuxième invité dévoilé en avant-première pour vous ! On ne vous en dit pas plus sur le livre lui-même, puisque tout sera analysé (ou presque) dans l’entretien à paraître le 04 décembre prochain (en précommande dès jeudi), sinon qu’il a prononcé ça : « Je ne connais pas ce lien qu’un Corse peut avoir avec la Corse ».
Quel rapport ? Une transition pour la suite ? Et oui, car s’il y a bien un écrivain qui connaît la Corse et qui s’en inspire en permanence, c’est l’auteur primé en 2012 pour Le sermon sur la chute de Rome : Jérôme Ferrari. Un bar devenu le centre du village, un empire français qui décline et des destins racontés en sept parties, toutes portant le nom de phrases extraites du fameux Sermon sur la chute de Rome d’Augustin Hippone en 410.
Envie de rester sur une thématique italienne ? Veiller sur elle (2023) de Jean-Baptiste Andréa est là pour ça. Un roman de pierre, deux destins tragiques que tout oppose, une statue cachée par le Vatican et une Italie fasciste qui gronde.
Vous savez ce qu’il vous reste à faire, ou plutôt, à lire.
LIVRE — Le Soleil des Scorta, Laurent Gaudé, 2004 (Actes Sud)
LIVRE — Le sermon sur la chute de Rome, Jérôme Ferrari, 2012 (Actes Sud)
LIVRE — Veiller sur elle, Jean-Baptiste Andréa, 2023 (Éd. de l’Iconoclaste)
FOCUS
J-8 avant la sortie de notre nouveau numéro de l’hiver. Un numéro 05 sur les pénuries qui vous permettra, entre autres, de mieux comprendre la raréfaction de l’eau, la nouvelle géopolitique d’un monde sans pétrole ou la menace d’un soulèvement par manque de blé.
Un numéro 05 qui vous concerne. Pourquoi ? Si l’on vous dit que :
- Les 100 premières villes de France importent 98% de leur nourriture ;
- En Europe, les pertes agricoles ont triplé en 50 ans du fait des canicules et des sécheresses ;
- L’Ukraine et la Russie concentraient à elles seules 1/3 des exportations mondiales de blé avant la guerre ;
- 99% des médicaments sont issus de la pétrochimie ;
- En Egypte, en Tunisie, en Syrie ou encore en Libye, on consomme deux fois plus de pain en moyenne par habitant qu’en France.
Ça vous parle, non ?
Un numéro hivernal, qui vient donc aussi nous rappeler, qu’en ces temps de fêtes, l’abondance peut prendre fin. Et c’est justement l’objet d’un premier portfolio de Jérôme Dubois, auteur de Citéville (2020) et Citéruine (2020), et de la prochaine chronique « Chambre noire » pour vous proposer une sélection culturelle sur le sujet, du mythique Manon des sources (1952) de Marcel Pagnol au plus discret Viande (1981) de Martin Harníček, en passant par le prix Nobel de littérature José Saramago pour L’Aveuglement (1995).
Un numéro culturel et technique, comme toujours, qui invite l’illustratrice de renom María Medem pour sa couverture, puis Charlène Descollonges, ingénieure hydrologue, et Laurent Gaudé, écrivain, prix Goncourt 2004 pour Le Soleil des Scorta, afin d’introduire le sujet.
Un numéro rempli de nouveautés, avec la nouvelle BD en série dans un futur proche où l'esprit humain est numérisé et où les morts n’ont plus besoin de nous quitter, et une uchronie imaginée en 2054 autour d’une question simple « Et si le pétrole n’avait jamais existé et que l’eau, le vent et le soleil dictaient les orientations techniques et les stratégiques politiques ? ».
Un numéro qui apporte aussi de la légèreté après le thème, avec « FLAASH culture » et notamment l’histoire de F L A M I N G O N E, une vraie photographie qui a remporté un concours dans la catégorie IA ou la sélection littéraire sous substance.
Et pour ceux qui aiment rester dans le dur, l’essai sur l’apparence physique vs l’image numérique, la chronique « Zone d’ombre » sur les élections de 2027 dominées par les infox et la plongée dans l’Arche devraient plaire.
Et tout ça avec les contributions de Miles Astray, Nicolas Gaudemet, Renaud Duterme, Sylvie Denis, Julien Amic, Pierre-Antoine Chardel, Victor Court, Léonard Desbrières, Miren Garaicoechea, Nadia Guerouaou, Arnaud Pagès, Jonathan Schuite, Gotto et Urlee.
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