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Fragment de carte de la France

Newsletter #22

Publié le 10 décembre 2024

Bonjour à tous. Nous sommes le mardi 10 décembre, vous lisez la 22e newsletter bimensuelle de FLAASH, la revue qui mêle réalité et fiction pour interroger l’actualité de demain. Au programme aujourd’hui : un « FOCUS » sur un extrait de notre tout nouveau numéro 05 et une sélection « FLAASH CULTURE » entre deux courses de Noël (sans oublier le meilleur cadeau : notre offre de Noël avec tous les numéros réunis à tarif réduit). Bonne lecture !

FLAASH CULTURE

Décembre. Le temps des rétrospectives et des recommandations. Entre le wrapped de Spotify et la toute nouvelle « Rétrainspective » de la SNCF, on continue de notre côté les conseils FLAASH.

Première recommandation : la série La Mesías réalisée par « Los Javis », un duo queer composé de Javier Ambrossi et Javier Calvo, considérés comme les successeurs de Pedro Almodóvar. Véritable phénomène dès sa sortie en Espagne l’année dernière, La Mesías est désormais disponible sur Arte et les critiques élogieuses fusent. La plus juste vient de Télérama : « un ovni télévisuel mêlant thriller, science-fiction et comédie musicale », « une oeuvre d’art totale où chaque épisode est un film à part entière ». Une série à voir d’urgence, la meilleure de 2024.

Deuxième recommandation : Chien 51 de Laurent Gaudé (2022), un livre puissant évoqué dans son entretien exclusif pour FLAASH N°05 et résumé ainsi : « Je me suis demande un matin ce qu’il se passerait si cette crise était allée au bout, jusqu’à une banqueroute totale, et qu’une grande entreprise mondiale avait dit : pas de problème, je vais racheter la Grèce. »

Troisième recommandation : l’exposition dystopique Les ruines de Paris d’Yves Marchand et Romain Meffre à la POLKA galerie jusqu’au 18 janvier 2025 (Paris). « Et si soudain, Paris la ville Lumière s’éteignait, rayée de la carte, vidée de ses habitants, telle la mégalopole déserte d’un empire déchu ? ».

LIVRE — Chien 51, Laurent Gaudé, 2022

SÉRIE — La Mesías, Javier Ambrossi, Javier Calvo, 2023

EXPOSITION — Les ruines de Paris, Yves Marchand, Romain Meffre, 08 nov. 2024 - 18 janv. 2025

FOCUS

Uchronie — Le chant des aérotrains

Et si le pétrole n’avait jamais existé ?

Victor Court, enseignant-chercheur, Docteur en Économie, ingénieur en Sciences de l’Environnement

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En 2054, l’humanité vit dans un monde profondément différent de celui d’aujourd’hui. Le pétrole, cet or noir à l’origine de l’essor matériel des sociétés modernes, n’a jamais existé. Au cours des XXe et XXIe siècles, les humains ont dû composer uniquement avec le charbon et les ressources renouvelables, façonnant une histoire alternative où l’eau, le vent et le soleil ont dicté les orientations techniques et les stratégies politiques. L’absence de pétrole a redessiné les équilibres géopolitiques, créant un nouvel ordre mondial où les pays riches en hydroélectricité, en énergies solaires ou éoliennes, ont pris le pouvoir. Les tensions se cristallisent autour de l’accès aux meilleures technologies de stockage énergetique, tandis que la dépendance aux conditions météorologiques rend les alliances instables. C’est dans ce contexte d’incertitudes que le monde avance, au rythme des éléments.

——

Les roues de l’aérotrain glissaient en silence sur les rails magnétiques. Alice, les mains posées sur la vitre, regardait le paysage défiler sous ses yeux. À l’horizon, les immenses éoliennes tournaient paresseusement sous le ciel clair. Chaque rotation lui rappelait que tout ce qu’ils avaient bâti dépendait de la nature. Une légère vibration se fit sentir dans le plancher de l’habitacle, signe que l’aérotrain avait atteint sa vitesse de croisière, frôlant les 500 km/h, entièrement alimenté par l’électricité. Assis à cote d’elle, Maxence, son chef, parcourait des documents holographiques projetés sur un petit appareil portable. Son visage était marqué par des cernes, les conséquences de longues nuits de travail pour adapter le réseau électrique de la capitale. Dans ce monde, l’énergie provenait exclusivement de sources renouvelables : les rivières, le vent et le soleil. L’humanité avait dû compter sur ce que la nature offrait directement.

— Quand arriverons-nous à Cité-Paris ? demanda Alice sans détacher son regard de la fenêtre.

— Dans moins de deux heures, répondit Maxence d’une voix fatiguée. Juste à temps pour le début de la conférence.

Alice hocha la tête. Elle était nerveuse. Ce n’était pas tous les jours qu’elle avait l’occasion de prendre la parole devant des représentants des nations influentes du monde entier. Elle venait de mettre au point un nouveau procédé pour stocker l’énergie électrique, une avancée cruciale dans un monde où chaque kilowattheure comptait et où les ressources énergétiques étaient disséminées en fonction des conditions climatiques. Les questions de contrôle et d’allocation des ressources étaient alors devenues des enjeux géostratégiques majeurs.

Les premières révolutions industrielles s’étaient construites sur le charbon, en permettant une première expansion du confort matériel, pour les plus riches. Mais les « forets souterraines » avaient rapidement montre leurs limites : pollution, désastres environnementaux et rendements énergétiques insuffisants. Il avait fallu chercher ailleurs pour alimenter les rêves de progrès. Les machines à vapeur avaient donc cédé leur place à des turbines hydroélectriques massives, comme celles qui parsemaient aujourd’hui les rivières et fleuves du monde entier. L’énergie hydraulique fournissait plus de la moitié de l’électricité mondiale. D’un coté, les pays riches en montagnes et en fleuves avaient pris le dessus, devenant les premiers producteurs d’électricité renouvelable. La Norvège, le Canada et les Alpes européennes étaient désormais des centres névralgiques de la puissance mondiale. L’Europe, avec ses grands barrages alpins, alimentait une bonne partie du continent, rendant des alliances nécessaires pour garantir un accès équitable à l’énergie. De l’autre, les nations riches en soleil, comme l’Afrique du Nord, certaines régions du Moyen-Orient, et même l’Australie, avaient trouvé une nouvelle place sur l’échiquier géopolitique. Les tours solaires géantes et les mégafermes photovoltaïques y captaient l’énergie presque inépuisable du soleil, transformant ces régions en pôles essentiels d’approvisionnement. Dotée d’un territoire immense mais peu ensoleillé et sans réel potentiel hydroélectrique, la Russie avait quant à elle traverse les 200 dernières années dans un état de pénurie énergétique quasi constant. L’idée d’utiliser les vastes plaines pour produire des agrocarburants avait donné une lueur d’espoir au Grand Ours, mais le prix à payer en matière d’instabilité du marché agricole avait été trop grand. Apres une énième guerre civile, cette voie avait été abandonnée. Des accords internationaux complexes avaient finalement été mis en place, un réseau dense de commerce énergetique reliait tous les continents. […]

Retrouvez la suite sur notre site et l’intégralité des articles sur le sujet dans FLAASH N°05 — Pénuries — Hiver 2024.

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