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Newsletter #29

Publié le 18 mars 2025

Bonjour à tous. Nous sommes le mardi 18 mars, vous lisez la 29e newsletter bimensuelle de FLAASH, la revue qui mêle réalité et fiction pour interroger l’actualité de demain. Au programme aujourd’hui : des recos culturelles en marge du 8 mars et quelques minutes de lecture pour vous donner envie de vous plonger dans des heures de FLAASH N°06.

FLAASH CULTURE

En marge du 8 mars, journée internationale des droits des femmes, l’heure est aux recommandations féministes. Cette courte sélection est une ode à celles qui ont pris la plume pour traduire leur engagement ou qui continuent, à travers leur art, d’incarner et de valoriser toutes les femmes.

01 | Essai — De la marge au centre. Théorie féministe de bell hooks (1984). « Se sentir plus féministe, être amenée à mettre de l’amour dans ses actions politiques. » Souad Boutegrabet, fondatrice de l’association DesCodeuses.

02 | Livre — La Fée-Cinéma d’Alice Guy (2022). « Tout le monde connait les Frères Lumières alors qu’il faut aussi connaître Alice Guy ! » Margot Gallimard, directrice de la collection L’Imaginaire aux éditions Gallimard.

03 | Parution — Cyberfeminism Index de Mindy Seu (2022). Des centaines de cas d’activisme technocritique radical regroupés en une seule « bible » verte qui en impose.

04 | Oeuvres complètes de Niki de Saint Phalle. Artiste autodidacte, plasticienne de renom et militante féministe, Niki de Saint Phalle (1930-2002) a fait des « Nanas » son art contemporain à elle. Membre du cercle des Nouveaux Réalistes, fondé dans les années 1960 par Yves Klein et Pierre Restany, Niki fut également connue pour son engagement en faveur de la lutte contre le sida et pour son ode permanente à la féminité. Une spécificité qui nous en rappelle une autre : celle de Raphaële Anfré, artiste peintre de la féminité qui signe la couverture de FLAASH N°06.

05 | Livre — Julia de Sandra Newman (2023). Une réécriture féminine du célèbre 1984 de George Orwell, du point de vue de Julia, la collègue du protagoniste principal, Winston Smith, employé au ministère de la Vérité qui déteste le Parti et rêve, en secret, de rébellion.

FOCUS

Extrait de l’article « Vivre dans une bulle made in Disney. L’exemple de Cotino » de Quentin Le Van, disponible dans FLAASH N°06. 

Depuis quelques mois, Rancho Mirage mute. À l’écart de cette chic bourgade californienne nichée dans la vallée de Coachella, un étrange lagon de 9 hectares émerge en plein désert. Tout autour, des grappes de résidences mêlant esthétique vintage et courbes épurées beiges et blanches s’agglomèrent, bâties jour après jour par les engins de chantier défilant devant les voisins mécontents. À l’intérieur, les premiers panneaux sont même posés pour nommer cette excroissance urbaine, Cotino, et ses nouveaux résidents sont annoncés pour 2025.

Une communauté fermée de plus, à une exception près : son promoteur et son concept. Cotino est la dernière expérimentation urbaine en date de Disney, un quartier pensé comme un parc d’attraction du quotidien à la gloire du géant de l’entertainment. Services de kayak et de paddle-board sur les eaux turquoises du lagon artificiel, farniente et session bronzage sur les fines plages de sable blanc, reproduction de la maison familiale des Indestructibles pour accueillir concerts et prestations, commerces dans le centre-ville ou les produits d’épicerie côtoient mugs, T-Shirt et casquettes floques du logo de la multinationale... Le maitre à penser de cette petite communauté n’est d’ailleurs pas n’importe qui : c’est un « imagineer », autrement dit l’un des architectes de l’imaginaire made in Disney confectionnant les parcs en tout genre de la compagnie.

Le rêve du Storyliving

Un projet fièrement assumé par la firme de Mickey. « Nos fans continuent de chercher de nouvelles façons de s’engager avec nous pour garder Disney dans leur vie. Dans ces communautés dédiées à la marque, vous pouvez faire partie de Disney tout le temps », se félicite ainsi en 2022 Josh D’Amaro, président des parcs, expériences et produits Disney, dans une interview accordée au media USA Today. « Le désert avait déjà inspiré Walt et les imaginaires de Disney, et il nous inspire aujourd’hui pour créer cette communauté, abonde Anthony Henry, responsable du projet Cotino, dans une interview donnée à Desert Magazine fin 2023. Nous sommes tellement impatients d’ouvrir ces résidences en novembre prochain ! »

Un conte de fée urbain pour les fidèles de la multinationale, du moins pour les plus fortunes d’entre eux. Cardans la collection des services Disney, le ticket d’accès au quartier entre immédiatement dans la catégorie « VIP ». La gamme d’habitation la plus accessible s’obtient pour un million de dollars, et reste strictement réservée aux seniors de plus de 55 ans. Les autres modèles, eux, peuvent atteindre les quatre millions. De quoi faire craindre aux habitants de la déjà cossue bourgade de Rancho Mirage une hausse conséquente du coût de la vie, sans compter les nombreuses inquiétudes environnementales au sujet du lagon, flaque d’eau apparue ex nihilo dans un désert où il ne pleut que 150 millimètres de pluie à l’année (soit six fois moins que la moyenne annuelle des précipitations en France, à 940 millimètres en 2024).

Mais le prix à payer pour entrer à Cotino ne fait pas frémir ses futurs résidents. Car vivre dans la communauté n’est pas qu’une simple marque d’affection à l’encontre de Disney. C’est un projet de vie, une philosophie de l’existence murement réfléchie par les équipes marketing de la firme : le Storyliving. Y vivre, c’est « donner à l’histoire de sa vie un nouveau cadre merveilleux », comme le parade avec enthousiasme le site Internet du projet. Cotino n’est d’ailleurs que le point de départ du projet Storyliving. Une autre communauté Disney, Asteria, est déjà annoncée en Caroline du Nord, et nul doute que d’autres pourraient éclore en cas de réussite. […]

Retrouvez la suite sur FLAASH N°06 — Tech au féminin — Printemps 2025.

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